Les 2RM, ces invisibles...
Par FFMC nationale le mercredi 19 décembre 2012, 16:50 - Lien permanent
Jeudi 13 décembre se tenait une conférence parlementaire sur les transports, à la Maison de la Chimie (Paris 7e). « Parlementaire », ça veut dire que des députés y participent (l’Assemblée nationale est toute proche) et que l’événement est placé sous leur patronage. Cette journée était présidée par Armand Jung, député socialiste du Bas-Rhin récemment nommé président du Conseil National de la Sécurité Routière (CNSR). La conférence portait sur "quelles solutions de mobilité dans les transports de demain".
Voilà de quoi intéresser un chargé de mission sécurité routière de la FFMC… la « mobilité » comme on dit de nos jours, ça nous concerne un peu, non ?
Donc, parlementaires, chefs de projets, commis de l’État, chercheurs ou représentants d’industriels se sont succédé pour parler des transports au sens large, des enjeux environnementaux, de la place de l'Europe, tout ça dans le contexte de crise économique actuelle. Comment les pays de l’Union européenne se mettent d'accord pour élaborer leurs directives et autres règlements, selon quels processus, où en est le camionnage (dumping, concurrence Europe de l'Est), le fluvial (projet de canal Seine-Nord), le fret maritime (vers quels ports en Europe, sur quelles routes commerciales), les routes de demain (avec Vinci-Cofiroute vantant son tunnel duplex A86 –pourtant interdit aux deux-roues motorisés- et déplorant la place de l'auto utilisée à une seule personne, trop d'emprise au sol sur des voiries pas extensibles en largeur), les enjeux de mobilité en ville (embouteillages, parkings, vitesse des flux, covoiturage et vélos), la technologie des véhicules du futur couplées à des routes "intelligentes" (présenté par l’IFSTTAR), les métro, les trains de banlieue, les tram’… un ingénieur de chez IVECO a évoqué les technologies des bus hybrides et les comparaisons avec le parc des transports en commun en Allemagne.
Ça a causé trains aussi, avec les grands réseaux ferrés... mais rien sur le ferroutage ! Oublié ! ça n'existe plus ?
Bref, à fond dans la prospective et l'analyse des trucs qui coûtent cher et qui ne marchent pas, constatant sans se remettre en cause que la France joue la surenchère réglementaire qui freine les projets, se satisfaisant des formidables atouts du génie français tout en déplorant que rien ne fonctionne pour se maintenir mais on va continuer comme ça parce qu'on est meilleurs que tout le monde... Personne n'a osé parler d'aviation et d'aéroports, sûrement pour éviter d'ouvrir la boîte à camembert à propos de la crise gouvernementale qui couve dans la marmite du bocage nantais.
Et la moto ?
J’écoutais tout ça en regardant les immenses affiches de la conférence pendues de chaque côté de la tribune, visuels où des pictogrammes symbolisaient un avion, un train, un bateau, une voiture, un tramway et... un vélo.
Pas de logo symbolisant un deux-roues motorisé (2RM), moto ou scooter. Ni sur l'affiche, ni dans les débats...
Rien de rien ! Et pourtant, les 2RM sont une des réponses alternatives et évidentes à plusieurs problèmes évoqués : place de la voiture (emprise sur les chaussées et stationnement), faible taux d'occupation des autos en trafic utilitaire quotidien, temps de trajets trop long impactant mobilité et fiabilité des salariés, coût du carburant, lenteur de la mise en place de l'électrique... mais durant toute la journée, c'est comme si le 2RM n'existait pas, n'avait jamais existé et n'existerait jamais.
Habituel me direz-vous, oui mais cette conférence était présidée par Armand Jung, président du Conseil National de la Sécurité Routière où les 2RM sont un point important…ou alors serions-nous importants juste quand il faut nous reprocher l’implication des 2RM dans les accidents de circulation ?
A la fin du dernier exposé qui portait plus précisément sur la « mobilité » en ville, au moment des tours de parole dans l'assistance, j'ai demandé le micro et en quelques minutes, je me suis étonné de ne rien avoir entendu sur les 2RM, grands absents de cette journée alors qu'ils sont une solution alternative à considérer, comme ils ont d'ailleurs été pris en compte par Madrid et Londres, villes citées en référence pour leurs bons exemples d'inter-modularité (mot à la mode revenu plusieurs fois) lors des débats au cours de la journée. J’ai rappelé que les 2RM représentent 8% sur l’ensemble des conducteurs assurés et que le trafic des 2RM sur Paris et sa proche banlieue était évalué à 20% des véhicules au moment des pics horaires en semaine : j'ai cité l'étude publiée la semaine dernière qui dit que les embouteillages coûtent 5,6 milliard €/an à la France… j’ai également évoqué cette étude belge réalisée l’an passé qui avait calculé que si 10% d’automobilistes passaient au 2RM, ça ferait 40% d’embouteillages en moins et je leur ai rappelé (ou appris, sans doute) que toujours la semaine dernière, l'Australie venait de déclarer l'usage du 2RM d’utilité publique… alors qu'est-ce qu'on attendait ici pour en parler ? J'ai terminé ma brève intervention en disant que "oui, la France est bien aux antipodes de l'Australie, si vous me permettez cette parabole géographique... et philosophique."
A la tribune, ils en sont restés un peu scotchés et Armand Jung a tenu à préciser que cette conférence n'avait pas pour but d'évoquer les particularités des véhicules par le menu détail, tandis que le gars de chez IVECO a témoigné, comme pour s’excuser de cet oubli général, être un adepte assidu des moto-taxi. Bon ben nous v’la sauvés !
Dans l’auditoire, un adjoint à la mairie de Toulouse qui s'exprimait après moi a cité la FFMC comme porteuse de propositions intéressantes, soutenant qu'il fallait nous associer systématiquement dans les débats sur le stationnement des 2RM à développer d'urgence. Je suis ensuite allé le saluer en lui remettant un exemplaire de notre Manifeste pour la sécurité routière des 2RM et en le remerciant pour son soutien.
Voilà... ce n'était pas une journée de "production", mais une journée enrichissante quand même pour confirmer que le 2RM est un insecte négligeable dans leurs prospectives de haut niveau... on ne s'intéresse à nous qu'au moment de parler de sécurité routière où nous tenons alors le rôle d'insecte nuisible à mettre sous cloche. Rien que pour ça, rien que pour mes trois minutes d'interpellation finale, ça valait le coup d'y être quand même, histoire de leur rappeler que le 2RM existe et que bon gré mal gré, faudra faire avec.
Marc Bertrand
Commentaires
Bravo ! C'est juste dommage qu'une fois de plus, il faille sortir tambour et trompette pour se faire un tout petit peu entendre !...
Bel exemple que celui de l'Australie.
Quant à Armand Jung, il va vraiment falloir qu'il sorte de sa léthargie s'il veut être pris au sérieux. Dans un colloque sur les modes de transports, il est totalement aberrant de ne pas prendre en compte le 2RM. Et encore plus de chercher à botter en touche comme il l'a fait ! Surtout qu'il s'en souvient parfaitement, du 2RM, quand il s'agit de causer sécurité routière.
Tout ceci n'est qu'un symptôme de plus de la motophobie larvée de nos élites. Il suffit de voir les déclarations périodiques de Delanoé sur le sujet.
Il y a encore du boulot !
En tout cas encore bravo de faire le nécessaire pour que les mêmes se souviennent qu'on existe et qu'il y a du bon et du très bon dans le 2RM.
Pour l'étude belge, 10 % autos remplacés par des motos, c'est 40 % d'embouteillage.
Il faut ajouter que si ce taux passe à 20 %, je crois, c'est plus du tout d'embouteillage !
Pas surpris du tout de ce comportement. Quand quelque chose ou quelqu'un dérange, l'ignorance de cette personne est une technique que certains utilisent pour mieux asseoir leur idée. Même si de ce fait le raisonnement est erroné. Certains de nos dirigeants voulant tout contrôler y compris notre mobilité. Une réelle fluidité gênerait ce contrôle surtout lorsque les véhicules concernés sont conduits par des personne aimant leur liberté (tout en respectant celle des autres pour mon cas).
Absolument redoutable dans le rôle du poil à gratter, le Marco :-)
Bien joué !
Pas mal le coup de la France et de l'Australie :)
Comme tu le dis si bien, je ne comprend pas pourquoi aujourd'hui on ne prend pas en considération l'augmentation des 2RM dans les villes autrement par le fait de se rendre compte que ces "hautes instances" pensent qu'il y en a de trop et donc que c'est un mal à éradiquer plutôt que de se dire que ça parait logique les habitants des villes, automobilistes, fassent l'acquisition d'un 2RM pour leur déplacement quotidiens.
Ceci étant dit, je pense sincèrement qu'il faille éduquer tout ce petit monde car malgré la formation de 7h qui aurait pu les sensibiliser sur les dangers liés à la conduite d'un 2RM, on se rend bien compte qu'une majorité de ces 2RM (et une minorité de motards), de part leur mobilité accrues dans le trafic, prennent beaucoup trop de risques inutiles, sans oublier leurs lots "d'incivilités routières" envers ceux qui sont majoritairement sur la chaussée : les automobilistes, mais ce dernier point relève plus d'un prise de conscience personnelle qui pourrait venir par l'éducation et par éducation ce n'est pas un spot publicitaire ou on voit un motard risquer sa vie à chaque coin de rue (toujours à cause d'automobilistes) et qu'une fois sortie des zones urbaines, il ne peut s'empêcher d'arsouiller et de se planter...
Bref tout ça pour essayer de démontrer que le 2RM à une mauvaise image en France et que plutôt que d'éduquer intelligemment cette population (et c'est aussi valable pour les candidats au permis B, qui aujourd'hui est un permis pour rouler parmi les voitures, les camions et les trains -- et oui il y a plus de "questions" sur les dépassement de PL et les franchissements de passages à niveaux que les particularités des 2RM), on fait tout pour l'exterminer.
Tient, pas plus tard qu'hier soir, après avoir déposé ma bécane, j'ai traversé la chaussé à un passage piéton (j'avais encore tout mon équipement de motard et casque sur la tête) et un automobiliste en 4x4 Audi s'est mis soudainement à accélérer pour essayer de me faire déposer une galette... comme quoi, même un motard à pied reste un motard et finalement ça me convient :D
V
C'est moche quand même qu'on en soit encore là :o(
Article révélateur de l'état d'esprit dans lequel sont nos "grands décideurs" et du peu de considération qu'ils ont pour le 2RM.
Cette conférence, ponctuée d'une pertinente intervention bien argumentée prouve, si besoin était, que le chemin est encore long et la lutte, loin d'être finie.
Rien de nouveau sous le soleil, ce récit n'en est, du coup, que plus édifiant. Double merci Marco : d'abord pour le coup de sulfateuse final, certaines têtes d'ampoule auront enfin entrevu la lumière; ensuite pour nous rappeler qu'il y a encore beaucoup, beaucoup de boulot qui attend les structures du Mouvement. appel2phare
Salut les amis.
Je viens ici faire un peu désordre peut être mais voyez mon intervention avec ouverture d'esprit:
Je suis motard, depuis 1974, j'ai affronté tout ce qui peut mettre le motard en danger, circulé dans paris, sur les routes puis vieillissant me cantonne à l'enduro et au hors piste.
Il y a UNE revendication que l'assoc formule à la quelle je ne peux pas adhérer (que même je combats), celle du maintien de l'éclairage des routes ou voies rapides.
Je m'en explique sur plusieurs angles que j'estime recevables voir incontournables:
Visibilité de la moto: l'éclairage des rues et voies ne le modifie pas voir même le dégrade (affaiblissement du contraste), nous avons par ailleurs tous la possibilité de monter des feux de jour et de faire pression sur les fabricants pour que ce soit d'origine.
Visibilité des obstacles: en moto comme en auto, un éclairage de voies mal calibré crée des zones d'ombre dangereuses (on ne voit pas le piéton qui sort de l'ombre avant qu'il ne soit trop tard).
Visibilité des obstacles: je ne suis pas mort en moto (bien qu'ayant parfois fait le con question vitesse et type de conduite) pour une seule raison, je considère avec constance que le bitume(ou la boue des chemins) que mes phares me montrent (ou le jour celui qui est visible) est LA zone de sécurité et définit sans aucune marge la distance de freinage à la quelle j'ai "droit". Au delà (faux plat virage, ombre c'est DANGER, c'est basique mais ça sauve la vie, comme la ceinture de sécurité en auto).
Enfin comme astronome et aussi citoyen sensible à l'écologie "minimum" je considère la gabegie de l'éclairage tous azimuths comme une immense stupidité destructrice qui, non seulement perturbe la vie sauvage (insectes, oiseaux, végétaux et ça empire avec les leds blanches) mais aussi pourrit définitivement le paysage, le droit à la paix nocturne, le droit à avoir un ciel étoilé. Il n'y a pas que le bitume dans la vie.
Je ne parle même pas du coût astronomique de l'éclairage de certaines voies pour le seul confort de parfois 10 ou 15 pécos par nuit.... du délire absolu! Indéfendable!
Chacun d'entre nous peut équiper n'importe quelle moto (enduro comprises) de phares qui éclairent la zone de route légitimement ouverte devant lui. Au delà c'est juste qu'on veut s'affranchir des limites du bon sens aux frais et risques de la collectivité et de son environnement.
Jamais, en plus de 30 ans et un gros gros tas de kms, plus de 30 motos de toutes natures, il ne me viendrait à l'idée de réclamer de l'éclairage partout. C'est absolument insensé et risque de rendre inaudibles les nombreuses autres demandes des motards, légitimes s'il en est comme: glissières dangereuses, revêtements glissants, peintures sur chaussée, dos d'âne mal foutus, orniérages et joints de dilatation de ponts, éducation des automobilistes, stupidité du contrôle technique ou même affichage de la vignette d'assurance qui se décolle au 1er karsher....
L'éclairage: ça doit rester le problème de chacun, ensuite on adapte sa conduite à ce qu'on voit, sinon c'est : réclamer un privilège indu.
Voila, je sais que ça ne va pas plaire à tout le monde pourtant réfléchissez aux AUTRES enjeux de cet éclairage : ils sont réels, puissants et, quoi qu'il arrive on en viendra à le réduire. heureusement!
Bonjour,
La FFMC ne demande pas l’éclairage de toutes les routes, elle demande le rétablissement de l’éclairage supprimé sur les voies rapides urbaines, là où il a été supprimé et là où les infrastructures sont encore en place (candélabres).
La suppression de cet éclairage remonte à 2008, quand des câbles électriques ont été vandalisées sur l’A15 (autoroute très fréquenté de la zone nord-ouest de la région parisienne). Des kilomètres de tronçons se sont retrouvés dans le noir. A peu près à la même époque, les réseaux routiers ont été placé sous la responsabilité des conseils généraux (réforme des collectivités territoriales, 2008-2015), sans pourvoir suffisamment ces collectivités territoriales des budgets nécessaires à l’entretien et à la gestion de ces réseaux… peu à peu, l’éclairage a également été supprimé sur les autres autoroutes de la région parisienne (A, A3, A86, A6, N104, etc…), officiellement pour des motifs de « sécurité routière » selon les responsables institutionnels qui n’ont pas hésiter à dire : « dans le noir, les gens lèvent le pied, donc c’est bon pour la sécurité, ils roulent moins vite ». Quand on pense qu’il y a aune vingtaine d’années, un slogan de la sécurité routière disait « au volant, la vue c’est la vie ». Aujourd’hui, c’est à se demander si on ne va pas nous proposer de se bander les yeux histoire de nous faire encore ralentir !
Bref… officieusement, cette mesure arrange les services de l’Etat grâce aux économies d’argent résultant de l’extinction des feux.
Dans la réalité, ces réseaux sont sur-fréquentés et raccordés à de nombreuses bretelles d’entrée et de sortie (nous sommes en zones urbaines et péri-urbaines). La densité du trafic et l’allongement des périodes de « charge » rend difficile le nettoyage et l’entretien de ces voiries, faute de pouvoir procéder à des fermetures nocturnes aussi souvent que cela serait nécessaire. Par l’usure du trafic intense, la signalisation horizontale s’efface et les revêtements se dégradent, notamment à cause du trafic intense des poids-lourds… ajoutons qu’aux pics horaires de fréquentation, 7 h -9 h et 17 h- 19 h 30, il fait nuit de mi-octobre à mi-février, soit en automne et en hiver, quand les conditions météorologiques sont les plus difficiles pour les conducteurs (pluie, brume, chaussées glissantes)… voilà pour le tableau factuel.
Les autos et les camions évoluent sur quatre roues (ou plus) et ils disposent d’au moins deux phares à l’avant et d’essuie-glace en cas de pluie… mais les milliers de deux-roues motorisés qui partagent ce trafic avec les autres véhicules ? Passe encore en linéaire où l’on s’inscrit dans un flux de véhicules roulant tous dans le même sens et tout droit… mais dès qu’on aborde une bretelle de sortie, en courbe, dans le noir, sans pouvoir lire la route, vous imaginez le problème. OK, vous allez me dire que c’est comme ça sur les routes de campagne et que le motard n’a qu’à adapter sa vitesse à ses conditions de visibilité. Oui, sauf que là, nous ne sommes pas sur des routes de campagne : nous sommes sur des voies rapides urbaines, au sein d’un trafic dense où les distances de sécurité sont rarement respectées. Ajoutez-y la pluie qui ruisselle sur la visière, des bagnoles à trois mètres derrières dont les conducteurs allument leurs pleins phares parce que aux aussi ils n’y voient rien et vous commencer à vous dire qu’avec de l’éclairage public, on verrait quand même mieux où l’on met ses roues, surtout quand cet éclairage existait avant et que les mats sont toujours là.
Avec un éclairage des voies en hauteur, la visibilité est assurée sur des centaines de mètres et cela permet d’anticiper… sans éclairage, la visibilité se limite à la portée des feux de croisements, soit une trentaine de mètres, ce qui correspond à la distance d’arrêt à 50 km/h… sur sol sec ! En cas de véhicule en panne, de bouchon soudain, de déboîtement intempestif d’un véhicule, d’objet encombrant la chaussé (palette, planche, bouts de pneu, ordures…) ou de nid de poule découvert au dernier moment (faute d’éclairage, justement), vous imaginez ce que ça donne à moto ? Alors oui, on peut continuer à dire que rouler à moto est dangereux et qu’il faut redoubler de vigilance… mais alors que les pouvoirs publics assument aussi leurs discours sur la dangerosité de ce mode de transport toujours oublié dans les questions d’infrastructures et qu’ils n’essayent pas de nous imposer des brassard et autres gilets rétro-réfléchissant au motif que nous somme pas assez visibles !
En Grande-Bretagne, pays fréquemment cité en exemple pour sa politique de sécurité routière, les zones de danger sont éclairées. Ici, on éteint la lumière… Allez, circulez, y’a rien à voir !
Et quand la FFMC dénonce la dégradation des infrastructures routières, la réponse de ceux qui n’ont jamais roulé sur un deux-roues motorisé est toujours la même : « vous n’avez qu’à rouler moins vite, vous n’avez qu’à prendre le métro ! »
Ah bah oui, vu comme ça...
Ami motard.
Je comprend parfaitement cet argumentaire ayant moi même arpenté pendant 25 ans, la nuit, le jour, en été, en hiver ... la grande agglomération parisienne... en moto, et, en 1980 les phares des bécanes c'était... à mourir de rire ou d'accident.
Je ne nie pas qu'il faille éclairer certaines zones comme, en effet, les succession de bretelles, les courbes à la noix et nombre d'endroits dangereux.
Ce que je suggère c'est que l'on arrête de tout inonder d'une lumière le plus souvent inutile et parfois dangereuse.
Motard et automobiliste je remarque que la visibilité d'une moto dans un rétro (la plupart des gamelles que j'ai prises ont été causées par des déboîtements de voitures qui ne m'avaient pas vu) est essentiellement obtenue par le contraste visuel que peuvent constituer le phare, les feux additionnels (y compris en couleur, le bleu se voit bien) mais jamais par le niveau général de l'éclairage qui noie tout dans un brouillard orange.
Alors, s'il faut, certainement, à certains endroits installer ou remettre de l'éclairage, il faut le faire de façon raisonnée et soigneuse, en éclairant juste ce qu'il faut là ou il faut.
Nous devons avoir en tête que l'éclairage urbain est l'un des rares équipements dits de sécurité dont la "normalisation" est le produit direct et unique de l'industrie des électriciens et eux seuls. Jamais à ma connaissance il n'a été réalisé d'études sérieuses et indépendantes sur ce sujet pourtant très important (y compris au plan non négligeable de l'économie générale: énergie, maintenance, installation) qui représente une rente absolument inadmissible pour quelques grands groupes qui se foutent absolument de NOTRE sécurité.
Donc: ok pour militer pour la sécurité des deux roues motorisés, y compris sur ce thème de l'éclairage, mais en y allant avec méthode, discernement et objectivité. Tout rallumer "en l'état" serait une ânerie c'est juste ce que je voulais dire.
Enfin, pour ma part, je continue à préférer rouler sur une route bien noire, avec du contraste que dans un éclairage baveux et mal défini, avec une succession de zones sur éclairées et d'autres trop sombres...
Quant à la conclusion désabusée sur les "vous n'avez qu'à rouler doucement ou prendre le métro"... je ne me sens pas concerné le moins du monde.
Je milite, chaque jour, à mon niveau (j'ai parfois l'occasion de le faire) pour que les deux roues motorisés soient considérés non seulement comme des "véhicules comme les autres" mais comme des véhicules citoyens (on ne trimballe pas une tonne de caisse pour déplacer une personne, on n'use pas le bitume comme un 4X4 et on prend nettement moins de place). Je demande juste que, de même que tous devraient entendre les motards, nous motards devons entendre les écologistes préoccupés par la disparition de la biodiversité, les astronomes qui ne voient plus rien nulle part, les oiseaux et les arbres qui ont besoin de la nuit mais aussi chacun d'entre nous qui a besoin de la NUIT.
La nuit doit être considérée comme un droit fondamental au même titre que l'air, l'eau, l'alimentation et le droit à un toit. Nous sommes très nombreux à dire cela et ce lobby utile se développe beaucoup en ce moment.
Il serait souhaitable que, plutôt que d'opposer les uns aux autres (laissant les mains libres aux marchands de KW) nous puissions initier, au niveau national une réflexion d'ensemble sur l'éclairage public.
J'ai la certitude que nous pouvons aboutir à des normes permettant à la fois d'améliorer la sécurité de tous les usagers (piétons compris...), d'obtenir la liberté de disposer de la nuit, de réduire drastiquement les coûts d'installation maintenance et consommation de l'éclairage. Les solutions techniques sont pléthoriques il se trouve malheureusement qu'elles sont économiques et donc contraires aux intérêts de quelques grands groupes qui se sont accaparé ce marché juteux. J'ajoute enfin que la lumière blanche des leds peut être une bénédiction pour le confort et la sécurité comme aussi l'économie, si on les utilise avec retenue et sérieux, elle devient par contre une catastrophe si on en profite juste pour augmenter le niveau d'éclairage, la led blanche a en effet un spectre chromatique continu qui détraque radicalement l'écologie (confusion absolue entre nuit et jour) et interdit définitivement d'observer le ciel (lumière pas filtrable comme l'est la lumière à spectre discontinu des sources anciennes).
Voila pourquoi il me semble urgent de réfléchir ENSEMBLE au comment faire mieux avec moins. Et... c'est le moment ou jamais car les grandes compagnies sont en train de séduire les maires pour renouveler tout l'équipement... en leds blanches, sans rien changer aux mauvais usages.
Cordialement.
Jean Marc.